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Il ne lutte contre personne ; c’est pourquoi il ne reçoit aucune marque de blâme  (11).


NOTES.


(1) B : Telle est la nature de l’eau. Elle est molle et faible ; elle se rend dans les lieux vides et fuit les lieux pleins ; elle remplit les vallées et coule ensuite jusqu’à la mer. Elle ne s’arrête ni le jour ni la nuit. Si elle circule en haut, elle forme la pluie et la rosée ; si elle coule en bas, elle forme les rivières et les fleuves. Les plantes ont besoin d’elle pour vivre, sordidœ res ut mundœ fiant. C’est ainsi que l’eau excelle (chen ) à faire du bien, à se rendre utile à tous les êtres. Si on lui oppose une digue, elle s’arrête ; si on lui ouvre un passage, elle coule. Elle se prête à remplir un vase circulaire ou un vase carré, etc. Voilà pourquoi l’on dit qu’elle ne lutte point.

Le mot chen (vulgo bon) a ici le sens de bonus dans bonus dicere versus « habile à réciter des vers » de Virgile (Egl. v, 1). Il est parfaitement expliqué par le commentateur Te-thsing : chouî-tchi-miaotsaî-li-wan-we 木之妙在利萬物 « l’excellence de l’eau consiste en ce qu’elle est utile à tous les êtres. »


(2) B : Les hommes aiment la gloire et abhorrent le déshonneur ; ils aiment l’élévation et détestent l’abaissement. Mais l’eau se précipite vers les lieux bas et se plaît à y habiter ; elle se trouve à son aise dans les lieux que la foule déteste.


(3) E : On peut dire que celui qui est comme l’eau (c’est-à-dire l’homme d’une vertu supérieure) approche presque du Tao.

B : Si l’homme peut l’imiter (imiter l’eau), il pourra entrer dans le Tao.

Plusieurs commentateurs (Sou-tseu-yeou, Liu-kie-fou) me paraissent avoir commis une erreur grave en rapportant à l’eau ce passage et tous les suivants. J’ai suivi F, H, G et Hong-fou.