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La voie qui peut être exprimée par la parole (1) n’est pas la Voie éternelle ; le nom qui peut être nommé (2) n’est pas le Nom éternel.

(L’être) sans nom (3) est l’origine du ciel et de la terre ; avec un nom, il est la mère de toutes choses.

C’est pourquoi, lorsqu’on est constamment (4) exempt de passions, on voit son essence spirituelle (5) ; lorsqu’on a constamment des passions, on le voit sous une forme bornée (6).

Ces deux choses (7) ont une même origine et reçoivent des noms différents. On les appelle toutes deux profondes. Elles sont profondes, doublement profondes. C’est la porte de toutes les choses spirituelles.


NOTES.


(1) H : Le second mot tao a le sens de yen , « dire, énoncer » (C) : kheou-tao 口道, « exprimer à l’aide de la bouche, de la parole. » Sou-tseu-yeou : Il y a deux voies (deux Tao), l’une ordinaire, qui est la voie de la justice, des rites, de la prudence ; elle peut être énoncée par la parole et son nom peut être nommé. L’autre est la Voie (le Tao) sublime dont parle Lao-tseu (B). Cette Voie, qui plane au-dessus du siècle, n’a ni forme, ni couleur, ni nom. Si on la cherche des yeux, on ne la voit pas ; si on prête l’oreille, on ne l’entend pas : c’est pourquoi elle n’est pas susceptible d’être énoncée par la parole, ni désignée à l’aide d’un nom.


(2) Liu-kie-fou : Tous les objets sensibles ont un nom qui peut être nommé ; mais il vient un temps où ce nom, dérivé de leur forme ou de leur nature, vient à disparaître. Ce n’est pas un nom éternel.