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LÉGENDE FABULEUSE
DE LAO-TSEU[1].


Lao-tseu avait pour petit nom Tchong-eul, et pour titre Pe-yang. Il était né dans le hameau de Khio-jin, dépendant du district de Khou, dans le royaume de Thsou. Sa mère devint enceinte par suite de l’émotion qu’elle éprouva en voyant une grande étoile filante. C’était du ciel qu’il avait reçu le souffle vital ; mais, comme il fit son apparition dans une maison dont le chef s’appelait Li (poirier), on lui donna Li pour nom de famille. Quelques auteurs disent que Lao-tseu est né avant le ciel et la terre ; suivant d’autres, il possédait une âme pure émanée du ciel. Il appartient à la classe des esprits et des dieux. Certains écrivains racontent que sa mère ne le mit au monde qu’après l’avoir porté dans son sein pendant soixante et douze ans[2]. Il sortit par le côté gauche de sa mère. En naissant il avait la tête blanche (les cheveux blancs) : c’est pourquoi on l’appela Lao-tseu (l’enfant-vieillard). Quelques auteurs disent que sa mère l’avait conçu sans le secours d’un époux, et que Lao-tseu était le nom de famille de sa mère. D’autres racontent que la mère de Lao-tseu le mit au monde au bas d’un poirier. Comme il savait parler dès le moment de sa naissance, il montra le poirier et dit : Li (poirier) sera mon nom de famille. D’autres, enfin, nous apprennent que, du temps des trois premiers Hoang (empereurs augustes[3]), il porta le titre de Youan-

  1. Cette légende est tirée de l’ouvrage intitulé Chin-sien-tch’ouen (Histoire des Dieux et des Immortels), composé par Ko-hong, vers l’an 350 de J. C. (Cf. Catal. de la Biblioth. de l’empereur Khien-long, liv. CLXVL, fol. 42.)
  2. D’autres mythologues rapportent que sa mère le porta pendant quatre-vingt-un ans. (Cf. Li-taï-chi-tsouan-tso-pien, liv. CXXXIX, fol. 1.)
  3. Les trois premiers Hoang sont Thien-hoang, Ti-hoang, Jin-hoang, qui ont régné, suivant les Tao-sse, plusieurs milliers de siècles avant les temps regardés comme historiques par les lettrés. (Cf. P’ing-iseu-louï-pien, liv. LXXXIX, fol. i ; et le Chou-