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i-tchi 無以易之 signifient, suivant E, « aucune chose ne peut remplacer l’eau, être substituée à l’eau, » 無物可以易之.

Liu-kie-fou : Quoique l’eau puisse se courber, se plier et prendre toutes les formes, jamais elle ne perd ce qui constitue sa nature. Pour abattre ce qui est dur et solide, rien ne passe avant elle 無以先之.

Aliter B : Ce que j’avance a été et est encore un raisonnement invariable, 不易之論.

Cette différence d’interprétation vient de ce que le mot i signifie « se changer, être changé (mutari) et échanger (permutare). »


(3) Voyez la note 1.


(4) E : Dans le monde, tous les hommes connaissent les avantages que procurent la souplesse (l’opposé de roideur) et la faiblesse ; mais à la fin il n’est personne qui sache être mou et faible. Ils regardent la fermeté et la force comme un titre de gloire, la souplesse et la faiblesse comme un sujet de honte.


(5) E : Le mot heou (vulgo « sordes ») veut dire ici la honte. La honte et les calamités sont des choses que la multitude ne sait point endurer. Il n’y a que l’homme mou et faible (suivant le Tao) qui puisse les endurer avec joie et sans se plaindre (littéralement « sans contestation »). À l’aide de sa mollesse (l’opposé de dureté, d’inflexibilité de caractère) et de sa faiblesse, il subjugue les hommes les plus fermes et les plus forts du monde. C’est pourquoi il peut conserver le droit d’offrir des sacrifices aux génies de la terre et des grains, et devenir le maître de l’empire.

Le même commentateur cite plusieurs traits historiques pour appuyer la pensée de Lao-tseu. Keou-tsien, roi de Youeï, entra au service du roi de Ou, et bientôt après il devint le chef des vassaux. Le prince Liu-heou ne vengea pas l’affront d’une lettre insolente, et le prince des Hiong-nou vint solliciter son alliance et sa parenté.