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Quel est celui qui est capable de donner son superflu aux hommes de l’empire ? Celui-là seul qui possède le Tao.

C’est pourquoi le Saint (3) fait (le bien) et ne s’en prévaut point.

Il accomplit de grandes choses et ne s’y attache point (4).

Il ne veut pas laisser voir sa sagesse (5).


NOTES.


(1) Ce passage difficile a reçu plusieurs interprétations. E pense que les quatre phrases « il abaisse ce qui est élevé, etc. » se rapportent au fabricant d’arcs, 言弓人爲弓, qui, en faisant un arc, en ajuste la monture de manière que ses différentes parties cadrent entre elles. On voit que cet interprète a pris les mots 張弓 (vulgo « tendre un arc ») dans le sens de weï-kong 爲弓, « fabriquer un arc. »

G rapporte à celui qui tend un arc, 張弓, les deux verbes « abaisser, élever, » et à la voie du ciel, les verbes « ôter, suppléer. » Pour entendre son explication, il faut se figurer l’état d’un arc chinois tendu et détendu. Lorsque le ciel ôte quelque chose à ceux qui ont du superflu, c’est comme lorsqu’on abaisse le milieu de l’arc et qu’on le force à se diriger en bas. Lorsqu’il ajoute quelque chose à ceux qui n’ont pas assez, c’est comme lorsqu’on relève les extrémités de l’arc et qu’on les force à se diriger en haut.

Aliter Hi-ching : Le propre du principe Yang est de monter, le propre du principe In est de descendre. Lorsque le principe Yang est monté au sommet du ciel (c’est-à-dire lorsque le soleil est au plus haut de sa course), il descend. Lorsque le principe In (c’est-à-dire la lune) est descendu aux dernières limites de la terre, il monte. Leurs mouvements opposés sont l’image de l’arc que l’on tend. La voie du ciel ôte au soleil ce qu’il a de superflu pour suppléer ce qui manque à la lune.