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(cf. Dictionn. de Khang-hi) : littéralement : « Lorsque les hommes ne craignent pas ce qu’ils doivent craindre, alors arrive ce qui est grandement à craindre », 人不畏其所當畏。則大可畏者至矣.

E : Les mots « choses à craindre » désignent « les maladies, les fléaux, les calamités. » Les mots « chose grandement à craindre » désignent la mort.

Dans le cours de la vie, le peuple ne sait pas craindre ce qui est à craindre ; il s’abandonne à ses penchants et se laisse aller au gré des passions, s’imaginant que c’est une chose sans conséquence (littéralement : « que cela ne nuit pas »). Bientôt ses vices s’accumulent tellement qu’il ne peut plus les cacher, ses crimes s’aggravent tellement qu’il ne peut plus s’en affranchir, et alors arrive la chose grandement à craindre, c’est-à-dire la mort.


(2) E : Votre demeure est tantôt basse, tantôt élevée ; on peut se plaire aussi bien dans l’une que dans l’autre. Gardez-vous de trouver votre maison trop étroite et trop petite, comme si elle ne pouvait vous contenir.


(3) E : Vos moyens d’existence seront tantôt abondants, tantôt exigus. Dans l’un et l’autre cas, ils peuvent suffire à vos besoins. Gardez-vous de vous en dégoûter comme s’ils étaient indignes de vous.

Ibid. Lao-tseu s’exprime ainsi pour réveiller le peuple, l’engager à se plaire dans la pauvreté, à supporter son destin et à se trouver heureux sur la terre. À plus forte raison les rois, les princes, les ministres, les magistrats qui ont de grands revenus et qui habitent des maisons magnifiques, doivent-ils (se contenter de leur sort et) se préserver de ces désirs insatiables qui s’augmentent comme les eaux d’un torrent.


(4) Sou-tseu-yeou : 既不厭生。而後知生之無可厭也 Littéralement : « Dès que je ne me dégoûte