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Le Saint vivant dans le monde reste calme et tranquille, et conserve (4) les mêmes sentiments pour tous.

Les cent familles attachent sur lui leurs oreilles et leurs yeux.

Le Saint regarde le peuple comme un enfant (5).


NOTES.


(1) B : Il gouverne en se conformant aux mœurs du peuple ; il ne froisse point ses affections et règle ses sentiments sur les siens.


(2) Sou-tseu : Il n’a point de sentiments déterminés ; il base ses sentiments sur ceux du peuple. Que les hommes soient vertueux ou dénués de vertu, il les traite tous comme des gens vertueux ; qu’ils soient sincères ou hypocrites, il les traite tous comme des gens sincères (E : Il ne met aucune différence entre eux). Il sait que la vertu ou le vice, la sincérité ou l’hypocrisie résident en eux ; c’est pourquoi ses sentiments ne changent point. S’il en était autrement, s’il traitait les hommes vertueux comme tels, et rejetait les hommes dénués de vertu ; s’il traitait les hommes sincères comme tels, et repoussait les hypocrites, pourrait-on dire qu’il sait constamment sauver les hommes ? C’est pourquoi il ne repousse personne. Dans le monde, les bons et les méchants, les gens sincères et les hypocrites s’approuvent eux-mêmes, tandis qu’ils se calomnient et se déchirent les uns les autres. Le Saint les traite tous de la même manière. Il ne se réjouit point à la vue des bons ; il ne témoigne point de déplaisir à la vue des méchants. De cette manière, les uns (les bons) ne s’enorgueillissent point, les autres (les méchants) ne s’irritent point. Alors tous se convertissent, et le monde commence à goûter la paix.

Littéralement « je le traite, etc. » Lao-tseu emploie quatre fois le pronom ou, « je » avant les verbes regarder comme vertueux, regarder comme sincère. La première phrase m’a engagé à