Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de les perdre. En effet, celui qui a acquis de la gloire ou de la fortune ne persévère pas dans le Tao et la Vertu. Les esprits l’abandonnent, et il tranche lui-même sa vie ; le ciel même ne pourrait le sauver. Mais dès qu’un homme est délivré de la gloire et des richesses, le Tao et la Vertu le favorisent, et les esprits le protègent. Sa gloire éclate d’elle-même, et ses richesses égalent celles du ciel et de la terre.


(2) A : Celui qui aime beaucoup la volupté consume ses forces ; celui qui aime beaucoup les richesses tombe dans le malheur. Ce qu’il aime est peu de chose, ce qu’il perd est immense I

Lie-kiu-fou : Celui qui aime la gloire désire s’anoblir ; mais, par son amour immodéré de la gloire, il la perd ainsi que sa noblesse innée (sa vertu) ! Celui qui amasse des richesses désire se rendre opulent ; mais, en les enfouissant en grande quantité, il les perd ainsi que ce qui fait sa véritable richesse (sa vertu).


(3) A : Si, pendant votre vie, vous cachez beaucoup de richesses dans vos coffres, on viendra vous attaquer et vous piller. Si, après votre mort, on dépose de grandes richesses dans votre tombeau, les voleurs violeront votre sépulture et fouilleront votre cercueil.


(4) A : L’homme qui sait se suffire renonce au profit, se dépouille de ses désirs, et ne s’expose pas au déshonneur pour les contenter.


(5) A : Il ne se compromet point pour obtenir les richesses et le profit ; la musique, la beauté des femmes ne troublent point ses oreilles ni ses yeux. C’est pourquoi il n’est exposé à aucun danger.


(6) A : Si un homme sait s’arrêter, se suffire, il trouvera en lui-même le bonheur et la fortune. En se gouvernant lui-même, il n’usera pas ses esprits ; en gouvernant le royaume, il ne tourmentera pas le peuple. C’est pourquoi il pourra subsister longtemps.