Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suprême en trois personnes. Beaucoup de passages, ajoute-t-il, « parlent si clairement d’un Dieu trine, que quiconque aura lu ce livre ne pourra douter que le mystère de la Très-Sainte-Trinité n’ait été révélé aux Chinois plus de cinq siècles avant la venue de Jésus-Christ… L’étude et la publication de ce livre extraordinaire seraient donc du plus grand secours aux missionnaires pour étendre et accroître heureusement la moisson apostolique. »

Le P. Amiot a cru reconnaître les trois personnes de la Trinité[1] dans la première phrase du xive chapitre du Lao-tseu, qu’il traduit ainsi : « Celui qui est comme visible et ne peut être vu se nomme khi (lisez i) ; celui qu’on ne peut entendre et qui ne « parle pas aux oreilles se nomme hi ; celui qui est comme sensible et qu’on ne peut toucher se nomme wei[2]. »

M. Rémusat est allé plus loin que ce savant missionnaire. Il a cru reconnaître le mot mrv (Jehova) dans les trois syllabes i, hi, weï, qui appartiennent chacune à un membre de phrase différent ; et, à vrai dire, le but principal de son mémoire sur Lao-tseu est de prouver cette conjecture, et d’établir par là qu’il avait existé des communications entre l’Occident et la Chine dès le vie siècle avant J. C. Suivant lui, « les trois caractères[3] employés ici n’ont aucun sens ; ils sont simplement, dit-il, des signes de sons étrangers à la langue chinoise, soit qu’on les articule en entier (ihv), soit qu’on prenne séparément les initiales

    marques philologiques sur le voyage de M. de Guignes, par Sinologus Berolinensis (Montucci), in-8o, pag. 64 ; et Grosier, Description de la Chine, in-4o, pag. 552.)

  1. Montucci, Remarques philologiques, pag. 69, not. c. (Cf. Mémoires des missionnaires de Péking. in-4o, tom. I, pag. 299-300.)
  2. A l’exception des mots i, hi, weï, qui se retrouvent aussi dans sa traduction, M. Rémusat a tâché d’être plus littéral que le père Amiot : « Celui que vous regardez et ne voyez pas se nomme i ; celui que vous écoutez et que vous n’entendez pas se nomme hi ; celui que votre main cherche et qu’elle ne peut saisir se nomme weï. »
  3. Rémusat, Mémoire sur Lao-tseu, pag. 42, lig. 23.