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iv
INTRODUCTION.

tseu ; tout ce que la science peut faire, c’est d’en donner le sens général. »

Hâtons-nous de le dire, cependant, les difficultés qu’ont rencontrées les PP.  Prémare, Fouquet, Bouvet et M. Abel-Rémusat, tenaient moins à la langue ou au sujet du livre qu’au système d’interprétation qu’ils avaient adopté.

Entraînés par le louable désir de répandre promptement la religion chrétienne en Chine, et mus par une conviction qu’il n’est pas permis de révoquer en doute, quelques savants jésuites s’étudièrent à montrer que les monuments littéraires de l’antiquité chinoise renfermaient de nombreux passages évidemment empruntés aux livres saints, et jusqu’à des dogmes catholiques, dont la connaissance en Chine nous obligerait d’admettre, en raisonnant suivant la foi la plus orthodoxe, que Dieu avait accordé aux habitants du céleste empire une sorte de révélation anticipée. Le P.  Prémare pour prouver cette thèse[1] que combattirent d’autres missionnaires non moins savants, non moins respectables que lui (les PP. Régis, Lacharme, Visdelou), composa un ouvrage qui existe en manuscrit à la Bibliothèque royale, et que M. Bonetti a commencé à publier dans les Annales de la philosophie chrétienne. « L’objet principal du Tao te-king, dit Montucci[2], partisan de ce système d’interprétation, est d’établir une connaissance singulière d’un être

  1. Cf. Rémusat, Nouv. Mélanges Asiat. tom. II, p. 266.
  2. « Multa de Deo trino ibi tam clare disseruntur, ut mysterium sanctissimæ Trinitatis Sinis jam revelatum fuisse quinque supra sæcula ante adventum Jesu-Christi, quicumque hunc librum perlegerit, in dubium minime vocabit. — « Nihit autem efficacius inveniri ad dogmata christianæ religionis in animo Sinarum deligenda, quam eorumdem (dogmatum) congruentiæ cum libris Sinicis demonstrationem, nemo denegabit, qui mores populi tam proclivis sui jurare in verba magistri, uptime norit. Studium ergo et vulgatio hujus singulurissimi textus, missionariis utilissima evaderent ad messis apostolicœ peroptatam coacervationem feliciter provehendam. » — Montucci, De studiis sinicis, pag. 19. in-4o, Berolini, 1808. — (Cf. Re-