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qui sait lier (quelque chose) ne se sert point de cordes, et il est impossible de le délier (4).

De là vient que le Saint excelle (5) constamment à sauver les hommes ; c’est pourquoi il n’abandonne pas les hommes. Il excelle constamment à sauver les êtres ; cest pourquoi il n’abandonne pas les êtres.

Cela s’appelle être doublement (6) éclairé.

C’est pourquoi l’homme vertueux (7) est le maître de celui qui n’est pas vertueux.

L’homme qui n’est pas vertueux est le secours (8) de l’homme vertueux.

Si l’un n’estime (9) pas son maître, si l’autre n’affectionne pas celui qui est son secours (10), quand on leur accorderait une grande prudence, ils sont plongés dans l’aveuglement (11).

Voilà ce qu’il y a de plus important et de plus subtil (12).


NOTES.


(1) Li-si-tchaï : Il est impossible aux hommes vulgaires de marcher sans laisser des traces, de parler sans commettre des fautes, de compter sans instruments de calcul, de fermer une porte sans verrou, de lier quelque chose sans faire usage de cordes.

Mais il n’y a que l’homme en possession du Tao qui marche sans le secours de ses pieds, qui parle sans l’intermédiaire de sa bouche, qui calcule sans faire usage des facultés de son esprit. On ne peut ouvrir ce qu’il a fermé, ni détacher ce qu’il a lié (A : Il emprisonne ses passions, il enchaîne les désirs de son cœur), parce qu’il s’est identifié avec le Tao.


(2) E : Les mots tcheou-thse 籌策 signifient « des fiches de bambou dont on se servait (anciennement) pour calculer. »