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INTRODUCTION.

sente la publication complète de ce texte révéré, recommandable à la fois par son antiquité, sa profondeur et son élévation. « Le livre de Lao-tseu, dit-il[1], n’est pas facile à entendre, parce que l’obscurité des matières s’y joint à une sorte de concision antique, à un vague qui va quelquefois jusqu’à rendre son style énigmatique… Ce serait une difficulté très-grande s’il s’agissait de le traduire en entier et de l’éclaircir sous le rapport de la doctrine qu’il renferme. Mais, cela ne doit pas nous empêcher d’en extraire les passages les plus marquants, et d’en fixer le sens au moins d’une manière générale. Il suffit de constater le sens le plus palpable, quelquefois même de noter les expressions, sans rechercher l’acception profonde et philosophique dont elles sont susceptibles. Outre l’obscurité de la matière en elle-même, les anciens avaient des raisons de ne pas s’expliquer plus clairement sur ces sortes de sujets

« Le texte[2] est si plein d’obscurité, nous avons si peu de moyens pour en acquérir l’intelligence parfaite, si peu de connaissance des circonstances auxquelles l’auteur a voulu faire allusion ; nous sommes, en un mot, si loin à tous égards des idées sous l’influence desquelles il écrivait, qu’il y aurait de la témérité à prétendre retrouver exactement le sens qu’il avait en vue, quand ce sens nous échappe. »

Cette difficulté du texte de Lao-tseu est également reconnue en Chine, et nous pourrions nous consoler de notre impuissance à l’entendre complètement, en voyant les docteurs Tao-sse les plus renommés y signaler les mêmes obscurités qui ont égaré quelques missionnaires et M. Abel-Rémusat.

« Il n’est pas aisé, dit Sie-hoeï, l’un de nos commentateurs, d’expliquer clairement les passages les plus profonds de Lao-

  1. Rémusat, Mémoire sur Lao-tseu, pag. 20-21.
  2. Ibid. pag. 35.