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C’est pourquoi si l’homme (5) se livre au Tao, il s’identifie au Tao (6) ; s’il se livre à la vertu (7), il s’identifie à la vertu (8) ; s’il se livre au crime (9), il s’identifie au crime (10).

Celui qui s’identifie au Tao gagne le Tao (11) ; celui qui s’identifie à la vertu gagne la vertu (12) ; celui qui s’identifie au crime gagne (la honte du) crime (13).

Si l’on ne croit pas fortement (au Tao), l’on finit par n’y plus croire (14).


NOTES.


(1) H : L’auteur veut dire, dans ce chapitre, que le saint homme oublie les paroles (ou renonce aux paroles) pour s’identifier au Tao. On a vu plus haut : « Celui qui parle beaucoup finit par être réduit au silence ; il vaut mieux garder le milieu. » Celui qui se laisse aller à la violence de son caractère et aime à discuter, s’éloigne de plus en plus du Tao. Plus bas Lao-tseu compare ces hommes qui aiment à discuter, et dont la loquacité ne peut se soutenir longtemps, à un vent rapide qui ne peut durer toute la matinée, et à une pluie violente qui ne peut durer tout le jour. Or le goût immodéré de la discussion vient d’une agitation intérieure de notre âme, de même qu’un vent rapide et une pluie violente sont produits par l’action désordonnée du ciel et de la terre. Si donc le trouble du ciel et de la terre ne peut durer longtemps, il en sera de même, à plus forte raison, de la loquacité de l’homme.


(2) E : Hi-yen 希言, c’est-à-dire 無言 « ne pas parler. » H explique cette locution par koua-yen 寡言 « parler peu. »

E : Tseu-jen 自然, c’est-à-dire wou-weï 無為 « pratiquer le non-agir. » Le non-parler, c’est-à-dire le silence absolu, parait une chose aisée et de peu d’importance, et cependant Lao-tseu le regarde comme la voie qui mène au non-agir. Si ceux qui étudient (le Tao)