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Savoir être constant s’appelle être éclairé (6).

Celui qui ne sait pas être constant s’abandonne au désordre et s’attire des malheurs (7).

Celui qui sait être constant a une âme large (8).

Celui qui a une âme large est juste.

Celui qui est juste devient roi.

Celui qui est roi s’associe au ciel (9).

Celui qui s’associe au ciel imite le Tao (10).

Celui qui imite le Tao (11) subsiste longtemps ; jusqu’à la fin de sa vie (12), il n’est exposé à aucun danger.


NOTES.


(1) E : Le vide et le repos sont la racine (la base) de notre nature. Après avoir reçu la vie nous nous laissons entraîner par les choses sensibles, et nous oublions notre racine. Alors il s’en faut de beaucoup que nous soyons vides et tranquilles. C’est pourquoi celui qui pratique le Tao se dégage des êtres (litt. « des existences, ou de l’être ») pour parvenir au vide ; il se délivre du mouvement pour parvenir au repos. Il continue à s’en dégager de plus en plus, et par là il arrive au comble du vide et du repos. Alors ses désirs privés disparaissent entièrement et il peut revenir à l’état primitif de sa nature. Or le vide et le repos ne sont pas deux choses distinctes. On n’a jamais vu une chose vide qui ne fût pas en repos, ni une chose en repos qui ne fût pas vide. Le philosophe Kouan-tseu dit : Si l’on se meut, on perd son assiette ; si l’on reste en repos, on se possède soi-même. Le Tao n’est pas éloigné de nous, et cependant il est difficile d’en atteindre le faîte. Il habite avec les hommes, et cependant il est difficile à obtenir. Si nous nous rendons vides de nos désirs (c’est-à-dire si nous nous dépouillons de nos désirs), l’esprit entrera dans sa demeure. Si nous expulsons toute souillure (de notre cœur), l’esprit y fixera son séjour.