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LANTERNE MAGIQUE

NOUVELLE.


A la ſuite d’une fête chez certain Roué de bonne compagnie, le Maître de la maiſon détacha du bal ſix Dames et ſix Cavaliers dont il connoiſſoit les goûts et les habitudes. Il conduiſit cette ſociété dans un petit cabinet meublé de deux rangs de ſiéges, et totalement obſcur, à la réſerve d’un eſpace ovale d’environ ſix pieds, blanc, et qui recevoit, de derriere les ſiéges, une vive lumiere. Cette diſpoſition annonçoit, ſans équivoque, le divertiſſement d’une Lanterne Magique.

Dès qu’on fut placé, une ſcene des plus folles, dans le genre laſcif, ſe peignit ſur l’eſpace en queſtion. Les figures, ainſi que tout l’acceſſoire, paroiſſoient de grandeur naturelle, avec leurs formes, leurs couleurs et leur effet perspectif, tellement que l’illuſion étoit complette. La Lanterne Magique, ainſi que l’orateur qui la dirigeoit, étoient inviſibles dans une autre piece, à laquelle l’aſſemblée tournoit le dos.

Curieux de tout ce qui concerne et les arts et le plaiſir, le lendemain je ne laiſſai point de repos à mon ami, (car j’étois l’un des ſpectateurs) qu’il ne m’eût fait connoître le matériel de ſa Lanterne, et comment étoient traités les ſujets qu’elle offroit. Il eut enfin la complaiſance que je deſirois. Je vis que tout étant d’ailleurs diſpoſé comme dans une de ces lanternes magiques qui courent les rues, la grandeur des objets, dans l’effet,