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VOLTAIRE.

diable de tempérament voltairien, qui fait sans cesse explosion. Si Voltaire est pillé et injurié par La Beaumelle qui s’avise de faire une édition du Siècle de Louis XIV pour en diffamer l’auteur, si on ne peut lui en vouloir de ne pas prendre philosophiquement cette avanie, il n’a pas toujours aussi évidemment raison. Un essai de spéculation douteuse qui finit par un procès bruyant avec le juif Hirschel, déplaît au roi : encore plus la polémique contre Maupertuis, et la Diatribe du docteur Akakia qu’il fait brûler après en avoir ri. Voltaire et Maupertuis sont des « fonctionnaires » prussiens, l’un chambellan, l’autre président de l’Académie. Le roi qui permet tout à huis clos, veut en public de la tenue. Il exige que ses fonctionnaires ne se compromettent pas dans des affaires louches, qu’ils respectent extérieurement les uns dans les autres la dignité de leur emploi. Et s’il paye cher un président d’Académie, ce n’est pas pour qu’on le déprécie par le ridicule.

Enfin, le 1er janvier 1753, Voltaire renvoya à Frédéric « sa clef, son ordre et sa pension », ce qu’il appelait, maintenant « ses grelots et sa marotte », et des « ornements peu convenables à un philosophe ! »[1] On les lui rendit, et il n’eut permission de partir que le 26 mars. Après avoir été à Leipzig où il négocia avec des libraires, à Gotha et à Cassel où la duchesse et le landgrave lui compensèrent un peu la disgrâce du roi, il arriva à Francfort où, du 1er juin au 7 juillet, il fut retenu prisonnier par « M. le baron de Freytag, résident et conseiller de guerre de Sa Majesté Prus-

  1. XXXVII, 554, 562.