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VOLTAIRE.

relle de Buffon, Voltaire et son amie prennent place, avec leurs instruments et leurs fourneaux. Il est inutile d’insister sur leurs travaux. Les Éléments de la philosophie de Newton furent à leur heure un bon livre de vulgarisation, où Voltaire essaya de fixer le genre de style et d’agrément qui convenait à l’exposition des vérités scientifiques. Il trouvait Fontenelle trop orné, et ne voulait qu’ordre et clarté.

Vous trouvez que je m’explique assez clairement, écrivait-il à M. Pitot de l’Académie des sciences : je suis comme les petits ruisseaux, ils sont transparents parce qu’ils sont peu profonds. J’ai tâché de présenter les idées de la manière dont elles sont entrées dans ma tête. Je me donne bien de la peine pour en épargner à nos Français[1].

Il composa un Mémoire sur la nature du feu, une Dissertation sur les forces motrices, une autre Sur les changements arrivés dans notre globe et sur les pétrifications qu’on prétend en être les témoignages, une relation Sur un Maure blanc amené d’Afrique à Paris en 1744. Tout cela n’a plus aucune valeur, et n’en a jamais eu beaucoup. Il faut pourtant noter que Voltaire a manqué le prix de l’Académie des sciences sur la nature du feu pour n’avoir rempli son mémoire que d’observations, d’expériences et de calculs : l’Académie voulait des explications fondées sur le système cartésien. Voltaire a un sentiment assez juste de la méthode expérimentale, et de ses obligations.

Il l’a, mais il y manque sans cesse. Parce qu’il n’a ni la patience ni le loisir de prolonger ou d’étendre la recherche autant qu’il faudrait. Parce que, surtout, s’il bannit les systèmes, il ne se défend pas des pas-

  1. XXXIV, 280.