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VOLTAIRE.

ments naturels d’humanité et de justice, et l’utilité commune du corps social.

D’ailleurs, avec Shaftesbury, et plus vivement, Voltaire rejette les sanctions religieuses, invraisemblables, et surtout inutiles : la peur de l’autre monde a-t-elle jamais retenu un conquérant ? Il faut se contenter des sanctions humaines et sociales : la crainte des châtiments, le respect de l’opinion qui distribue estime ou mépris. Comptons aussi que les honnêtes gens ont un goût naturel de la vertu, c’est-à-dire que, dans le développement normal d’une nature saine, les sentiments sociaux ont une réelle puissance. Comptons aussi sur l’éducation pour entretenir et fortifier ces sentiments.

Sanctions incomplètes, incertaines, fragiles. Mais l’homme est incomplet, incertain, et fragile. Il ne peut construire que selon ce qu’il est.

Dans sa Métaphysique de Newton, Voltaire ajoutera un examen des hypothèses fondamentales de la science[1]. Tantôt exposant, tantôt interprétant Newton et Clarke, combattant Descartes et Malebranche, et surtout Leibniz, dont il voudrait désabuser Émilie, tout plein de Bayle, Locke, Collins, Chubb, librement éclectique en suivant les Anglais, il admet l’atomisme, l’immutabilité des espèces avec une évolution limitée en partant d’une organisation dès le principe infiniment variée.

Ce qu’il y a pour nous de plus intéressant dans la métaphysique de Voltaire, c’est sa méthode, qu’il emprunte aux déistes anglais. En voici les articles essentiels.

  1. XXII, p. 427-438.