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VOLTAIRE À CIREY.

saient les folies de Jeanne, et les Discours en vers sur l’homme. La vie est bonne dans le paradis de Cirey : Voltaire est optimiste, il fait le Mondain :

Oh ! le bon temps que ce siècle de fer,


où l’on a du Champagne et du café, l’argenterie de Germain et les tapisseries des Gobelins, la musique de Rameau et les filles de l’Opéra. Par malheur, il en méprise Adam qui n’était pas raffiné, et le paradis terrestre qui n’était pas confortable. Les théologiens aboient, et le poète court jusqu’en Hollande.

Une douceur glorieuse lui vint des avances du prince royal de Prusse, ami des arts et de la philosophie, et fort maltraité pour ces amours par son père le roi sergent. Frédéric entama une correspondance active avec Voltaire, dont il fit son maître d’orthographe et de poésie françaises, un maître illustre et gratuit qui se payait en compliments et en petits cadeaux. Kaiserling était dépêché en ambassade à Cirey pour remettre au poète, à l’ami du prince, une écritoire avec des vers ; la comédie, le feu d’artifice et une illumination célébrèrent l’envoyé, et cette nouveauté sociale, un fils de roi faisant sa cour à un homme d’esprit.

Avec son amie, Voltaire étudie la physique, achète des appareils à l’abbé Nollet, installe des fourneaux, observe, expérimente. Ils envoient des mémoires à l’Académie des sciences, qui ne les couronne pas. Voltaire se jette dans la métaphysique, il en écrit, il en dispute avec la marquise, avec le Prince. Il pousse vigoureusement son Siècle de Louis XIV. Et comme il lui reste sans doute de l’énergie inem-