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VOLTAIRE EN ANGLETERRE.

ganisation de la Société royale de Londres à celle de nos Académies : ici, malgré les critiques qu’il faisait, il donnait l’avantage à la France. Il exprimait, dans cette dernière lettre, un point de vue cher au xviiie siècle, et vrai alors : c’est le siècle des académies ; elles y furent réellement des foyers de vie intellectuelle et scientifique, à la fois des ateliers de recherche et des établissements d’enseignement supérieur. Voltaire en jugeait bien ainsi, et voulait les rendre encore plus utiles, surtout l’Académie française.

Ici finissent à vrai dire les Lettres anglaises. La XXVe de l’édition de Jore nous donne 57 remarques sur Pascal, qui furent complétées en 1742 : elles sortent de la même inspiration qui a dicté la lettre sur Locke.

L’adversaire était bien choisi. Cet homme, « que les petits esprits osent à peine examiner », était le seul apologiste de la religion révélée qui comptât dans la littérature française et pour le grand public, le seul qui prouvât non pas le Dieu commun aux chrétiens et aux déistes par des arguments philosophiques et communs aussi, mais Jésus-Christ et les mystères incompréhensibles par une méthode particulière. À force de génie, il avait fait croire qu’il avait réussi sa démonstration. En s’attaquant à lui, quelque précaution que prît Voltaire dans le choix des passages, c’était bien la religion qu’il prenait corps à corps. Voilà pourquoi cette XXVe lettre aggrava singulièrement son cas, sauf aux yeux des jésuites qui avaient leurs raisons pour être indulgents à un censeur de Pascal.