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VOLTAIRE.

tiques sont assez heureux pour avoir 50 000 livres de rente, et où le peuple est assez bon pour le souffrir », le journaliste de Trévoux entendait « un cri de sédition et de brigandage » ; mais, heureusement, ajoutait-il, en France, « le peuple sait vivre, et respecter ses supérieurs ». C’était vrai encore pour cinquante ans.

Trois lettres (VIII-X) caractérisaient le régime politique de l’Angleterre : plus que Rapin Thoyras, Muralt et Montesquieu, Voltaire idéalisait la vie anglaise, la liberté politique, la royauté contenue, l’égalité devant l’impôt, le commerce honoré, les cadets de lords ne dédaignant pas d’être marchands dans la cité, le paysan aisé : il exaltait la grandeur pacifique de ce peuple de négociants, maîtres de la mer et banquiers des princes, gardiens désintéressés de la liberté de l’Europe. Ici point de moqueries : de petites phrases nettes et coupantes, sans réticences et sans voiles.

Un homme, parce qu’il est noble ou parce qu’il est prêtre, n’est point ici exempt de payer certaines taxes… Tout le monde paie. Chacun donne, non selon sa qualité (ce qui est absurde), mais selon son revenu.

La nation anglaise est la seule de la terre qui soit parvenue à régler le pouvoir des rois en leur résistant.

Ce qu’on reproche le plus aux Anglais, c’est le supplice de Charles Ier, qui fut traité par ses vainqueurs comme il les eût traités s’il eût été heureux[1].

L’abbé Prévost aima mieux ne pas rendre compte de ces lettres qui traitaient de matières délicates. D’autres dénoncèrent les « horribles conséquences »

  1. T. XXII, p. 109, 103, 104. Texte de 1734.