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VOLTAIRE EN ANGLETERRE.

vigoureux plaidoyer pour la liberté de la librairie. Mais en même temps, puisqu’il faut risquer, il double le paquet, et joint aux observations sur l’Angleterre les remarques sur Pascal.

Cependant on commence à causer de cette publication scandaleuse qui se prépare. Les ministres sont inquiets, menaçants. Voltaire prend peur, et résiste à l’impatience de Thieriot et de Jore.

Chaque semaine enlevait de la nouveauté à son ouvrage. Les publications sur l’Angleterre se multipliaient. Sans rappeler les journaux de Hollande, ni les Lettres du Suisse Béat de Muralt, qui avait, par sa comparaison des mœurs anglaises et françaises, effarouché l’amour-propre national de l’abbé Desfontaines (1725), sans remonter jusqu’à Boissy, dont le Français à Londres avait porté à la scène le contraste de deux peuples, provoquant une riposte de Marivaux[1] (1727), voici que du P. Gatrou paraissait une Histoire des Trembleurs (début de 1733), et l’abbé Prévost, qui déjà avait dans ses romans utilisé sa connaissance de l’Angleterre, publiait en juin 1733 le premier numéro du Pour et Contre où il promettait « d’insérer chaque fois quelque particularité intéressante touchant le génie des Anglais, les curiosités de Londres et des autres parties de l’île, le progrès qu’on y fait tous les jours dans les sciences et dans les lettres ».

Voltaire ne put retenir la traduction anglaise qui parut au milieu d’août 1733. Mais il réussit encore à arrêter les éditions françaises pendant près d’un an.

  1. L’Île de la raison, prologue.