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VOLTAIRE.

hommes de l’Angleterre et sur les nouvelles découvertes ou entreprises utiles à l’humanité.

La publication de ses Essais anglais, le lancement de la souscription de l’édition de la Henriade, dont le léger Thieriot dissipa en partie les fonds, l’exécution de cette édition où Duplessis-Mornay remplaça Rosny aux côtés de Henri IV, pour punir le duc de Sully de sa lâche neutralité dans l’affaire de la bastonnade, empêchaient le public de l’oublier. En même temps, il préparait l’Histoire de Charles XII et la tragédie de Brutus et surtout un travail intérieur se faisait en lui, que le public n’apercevait pas.

Il ne sembla pas d’abord, en 1729, lorsqu’il reparut à Paris, que ce fût un autre Voltaire. Il reprit sa vie facile et brillante, mêlée d’affaires et de plaisirs, spéculant et négociant, cajolant le comte de Clermont et son secrétaire Moncrif, cultivant le ministre Rouillé, mariant le duc de Richelieu avec Mlle de Guise au grand scandale de la fière famille de Lorraine, soupant et bientôt logeant chez la comtesse de Fontaine-Martel, une femme philosophe qui raffolait du théâtre. Il la déterminait à mourir « dans les règles », c’est-à-dire avec l’assistance d’un prêtre : la Lecouvreur, récemment jetée à la voirie, l’avait persuadé de la nécessité des cérémonies.

Il avait regretté dans la Lecouvreur une grande artiste et une amie, qui peut-être un moment avait été quelque chose de plus pour lui, dans Mme de Fontaine-Martel, une amie dévouée à sa gloire et et qui pensait avec lui. La profonde blessure de cœur fut pour lui la mort du jeune président de Maisons. « La mort de M. de Maisons m’a laissé