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VOLTAIRE.

de la différence dans les conditions, mais point d’autre entre les hommes que celle du mérite », en ce pays « où l’on pense librement et noblement[1] ». Des sentiments « républicains » fermentaient en lui : il se dilatait, s’exaltait dans la liberté anglaise. Il en jouit deux ans et demi[2] : en février 1729, il repassa le détroit, et obtint en avril, de Maurepas, l’autorisation de reparaître à Paris.

Voltaire, qui avait déjà connu en France quelques Anglais, arriva muni de bonnes recommandations ; il en eut du ministère même qui était un peu honteux de le traiter en coupable, et de l’ambassadeur d’Angleterre à Paris, Horace Walpole. Le monde des torys et celui des whigs s’ouvrirent à lui. Il fut introduit auprès de Robert Walpole, de lord et lady Hervey, du duc de Newcastle, de Bubb Dodington, futur lord Melcombe, de la duchesse douairière de Marlborough. Il fut bien reçu du prince et de la princesse de Galles ; devenue reine, celle-ci accepta la dédicace de l’édition de la Henriade que Voltaire publia en 1728 à Londres. Il causa avec les plus illustres écrivains et savants de l’Angleterre, Edward Young, Gay, Congreve, Colley Cibber, Berkeley, Clarke. Il visita Pope à Twickenham et vécut trois mois avec Swift chez lord Peterborough. S’il ne vit que les funérailles de Newton, il fréquenta ses neveu et nièce, Mr. et Mrs. Conduit.

Une ridicule légende d’espionnage et de délation ne contient probablement que le témoignage de sa

  1. T. XXXIII, p. 159.
  2. M. L. Foulet réduit le séjour à un peu moins de deux ans, du milieu d’août 1726 au début d’août 1728.