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VOLTAIRE.

vilège de la naissance et l’achat de la noblesse, le système fiscal, l’organisation judiciaire, les richesses ecclésiastiques. Les désastres de la fin du règne de Louis XIV excitèrent les particuliers à examiner les affaires de l’État : Boisguillebert, Vauban, émus de la misère du peuple, proposaient la réforme de l’impôt, et Fénelon allait jusqu’à dénoncer le despotisme et la folie guerrière.

Les protestants, après la Révocation, mettaient en cause la royauté. Bayle niait qu’il pût y avoir un bon despote. Jurieu élevait le droit du peuple contre le droit du roi, et en vertu du pacte social, déliait du serment de fidélité les sujets opprimés par leur prince.

Après la mort de Louis XIV, tout remuait. La noblesse, le Parlement se redressaient, et cet effort des privilégiés pour disputer aux ministres et aux commis une part du gouvernement faisait l’effet alors d’un mouvement libéral. On en voulait surtout au despotisme, qui si longtemps avait tout courbé pour finir par tout ruiner. De hardis libelles invoquaient contre lui l’antique constitution du royaume, limitaient le pouvoir royal par le contrôle du Parlement, ou le ployaient sous la souveraineté des États généraux. Partout, chez l’abbé de Saint-Pierre, chez le marquis de Lassay, dans Massillon, dans Montesquieu, se manifeste le même idéal de royauté modérée, humaine, bienfaisante et pacifique. Une société même se forme en 1725 pour l’étude des questions politiques : au Club de l’entresol (l’entresol de l’abbé Alary, dans l’hôtel du Président Hénault, à la place Vendôme) viennent le