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L’INFLUENCE DE VOLTAIRE.

taines intelligences lucides en désharmonie avec leur groupe social, en révolte contre ses exigences et ses préjugés. En Allemagne, c’est le sceptique Wieland, c’est plus tard l’ironiste Henri Heine, qui s’appelle un « rossignol allemand niché dans la perruque de Voltaire ».

Et n’y a-t-il pas aussi un peu d’humeur voltairienne dans le sarcasme de Byron ? Il ne voulait pas qu’on dît du mal de Voltaire, « le plus grand génie de la France, l’universel Voltaire » : il lui donnait une stance de Childe Harold où il dessinait son portrait avec une sympathie qui atteste une connaissance précise et familière de l’homme comme de l’œuvre :

The one was fire and fickleness, a child,
Most mutable in wishes, but in mind
A wit as various, — gay, grave, sage or wild, —
Historian, bard, philosopher combined ;
He tnultiplied himself among mankind,
The Proteus of their talents : but his own
Breathed most in ridicule, — which, as the wind,
Blew where it listed, laying ail things prone,

Now to o’erthrow a fool, and now to shake a throne[1].

  1. « L’un n’était que feu et caprice : un enfant, mobile à l’excès dans ses désirs, mais l’esprit aussi le plus divers, gai, grave, sage, fou, à la fois historien, poète et philosophe ; il se multipliait parmi les hommes, Protée de tous leurs talents ; mais le sien s’épanouissait surtout dans la raillerie ; c’était un vent qui soufflait où il lui prenait fantaisie, renversant tout, tantôt pour culbuter un sot, et tantôt pour ébranler un trône. » (I, 106).