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VOLTAIRE.

Frédéric II est le plus illustre représentant de cette catégorie d’hommes dans la formation desquels Voltaire eut une part qui semble prépondérante : on retrouve le même type intellectuel chez toute sorte de gens, Allemands, Hongrois, Russes, Italiens, etc.

La naissance et le développement de la littérature nationale en Allemagne barra la route au voltairianisme dans ce pays, et par rayonnement, dans d’autres pays de l’Europe orientale. C’était Voltaire que les « bardes » de Gœttingue honnissaient en Wieland. Le romantisme vint ensuite grossir l’obstacle.

Comme en France, le libéralisme et la nécessité de lutter contre la puissance de l’Église prolongèrent en certains pays l’influence voltairienne.

Elle fut forte en Italie, où les aspirations aux réformes sociales, à la liberté et à l’unité, la haine des moines et des prêtres trouvèrent chez Voltaire leur nourriture. À des degrés divers, et de façons diverses, en dépit de toute sorte de divergences, Gorani, Beccaria, Pietro Verri, plus tard et au xixe siècle, Foscolo, Monti, nombre d’écrivains et de journalistes, reçoivent et transmettent des empreintes de l’esprit voltairien.

On trouverait en Espagne, chez les libéraux « afrancesados », des polémistes formés à l’école de Ferney, qui cultivèrent la phrase nette, troussée et caustique : je ne nommerai que Mariano de Larra.

En général, à l’étranger, à mesure que les circonstances historiques s’éloignent davantage de celles où naquit en France l’œuvre de Voltaire, son influence ne reste aisément perceptible que sur cer-