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VOLTAIRE.

Son organisation a changé. Ses positions ne sont plus les mêmes ; elle a, dans une certaine mesure, renouvelé son apologétique, abandonné certaines thèses, réformé son érudition. Même contre les théologiens conservateurs, ceux qui, par exemple, défendent encore l’authenticité du Pentateuque, il faut autre chose que la polémique voltairienne.

De tout cela il résulte qu’on lit moins Voltaire, ou qu’on le lit autrement. Il y a pourtant encore, en dehors des lettrés, un certain nombre de lecteurs qui chez Voltaire ne séparent pas la forme du fond, qui ne s’embarrassent pas non plus du point de vue historique, et qui appliquent tout Voltaire à la vie d’aujourd’hui. Il y en a : mais combien y en a-t-il ? que représentent ces voltairiens dans l’ensemble du mouvement des esprits de notre temps ?

Il me paraît hors de doute que si Voltaire a encore quelque action à exercer dans notre France, ce doit être surtout une action littéraire et intellectuelle de pure forme. Les définitions et les servitudes du goût de Voltaire ne reprendront jamais autorité ; mais à mesure que se dissipera et s’éloignera le romantisme, il se pourra que l’on reprenne le désir des idées claires et bien filtrées, l’amour de l’expression simple et fine, et qu’on demande quelques leçons d’analyse et de style aux parties de l’œuvre voltairienne les plus dégagées des règles et des ornements classiques, aux Mélanges, aux Romans et à la Correspondance. Il semble que depuis la chute du naturalisme et la crise symboliste, l’évolution de la prose se fasse vers