Page:Lanson - Voltaire, éd5.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
L’INFLUENCE DE VOLTAIRE.

davantage à l’article 16, les articles 7, 9, 10, 11 correspondent aux objets qui ont le plus occupé Voltaire. Mais, encore une fois, les parts ici ne peuvent se faire.

Sous la Révolution aussi, l’esprit voltairien est hors d’usage. Il faut alors de l’enthousiasme, de la passion, des sentiments et un langage excessifs : Rousseau est, mieux que Voltaire, monté au ton des circonstances et des âmes.

Le Consulat et l’Empire rappellent l’esprit voltairien à l’activité. Toute une partie de Voltaire, sans nul doute, n’a pas d’emploi sous Bonaparte : le contrôle et la critique de l’autorité publique, et la haine de la guerre. Mais, dans le journaliste d’opposition qu’était Voltaire sous Louis XV, il y avait l’étoffe d’un préfet de l’Empire : scepticisme éclairé, haine de l’idéologie métaphysique et des systèmes politiques, conception du despotisme bienfaisant et actif qui met en valeur les ressources du pays, matérialisme administratif qui s’applique aux améliorations pratiques et à l’accroissement du bien-être, indifférence religieuse et maxime précise sur la subordination de l’Église au pouvoir civil. Le Concordat, avec les articles additionnels, n’est pas contradictoire aux aspirations de Voltaire.

Mais c’est de 1815 à 1830, sous la Restauration, que le voltairianisme triomphe. Il mène la lutte contre la réaction légitimiste et catholique. Il fournit des armes, une tactique, des arguments, un arsenal de faits, de vues, de plaisanteries aux journalistes et pamphlétaires libéraux. Il est la lecture favorite de la bourgeoisie libérale qui y trouve des idées à sa