Page:Lanson - Voltaire, éd5.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
VOLTAIRE.

ouvrages qui précèdent l’histoire romantique ou n’en relèvent pas. Beaucoup ont tâche de lui prendre sa claire méthode d’exposition et d’expression, en lui laissant sa philosophie, ou en lui ajoutant de l’érudition. Si Rulhière sort tout entier de Voltaire, il a passé quelque chose de Voltaire dans Anquetil, dans Daunou, dans Daru, et dans Thiers. Michelet même, qui l’a bien lu, se souvient de lui dans sa jeunesse, lorsqu’il veut faire un précis sommaire et net de l’histoire moderne ; et il transporte même sans changement dans son œuvre un chapitre de l’Essai sur les mœurs, n’espérant pas faire mieux.

Dans le roman, ses contes philosophiques ont été imités au xviiie siècle. Mais la Nouvelle Héloïse et Werther, et le torrent de la sensibilité ont fait que réellement Voltaire a très peu modifié le développement du genre. Même dans le conte, on voulut autre chose que du sarcasme, et il fallut écrire pour le âmes sensibles : Marmontel lui-même échappa à Voltaire.

Au xixe siècle. Chateaubriand, George Sand et Balzac entraînèrent le roman dans des voies de plus en plus éloignées de Candide et de l’Ingenu. Stendhal, qui se rattache nettement au xviiie siècle, a plus de rapport à Laclos et Duclos qu’à Voltaire, et Mérimée, peut-être, ne lui doit pas sa sobriété artistique. La trace de Voltaire pourtant se suit dans des conteurs de style leste et piquant, comme Mme de Girardin, ou comme l’auteur nivernais de Mon oncle Benjamin, ce Tillier qu’on ne connaît pas encore assez chez nous, ou bien encore comme Edmond About et son ami Sarcey. À la fin du xixe siècle, le roman voltai-