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VOLTAIRE.

toutes les preuves à décharge, que faire valoir quelques circonstances obscures, qui, sans justifier la sentence, font comprendre que des juges prévenus, mais qui n’étaient pas des scélérats, aient trouvé dans la cause matière à rouer un innocent. Rien, absolument rien n’a valeur de preuve contre Calas.

Le public en fut convaincu. Il applaudit à la réhabilitation avec enthousiasme. De là date la transfiguration de Voltaire dans l’esprit de ses contemporains. Il fut le « défenseur de Calas ». On commença à voir en lui autre chose que de l’esprit, et dans sa gloire prodigieusement multipliée par cette affaire, se mêlèrent des sentiments de chaude dévotion et de respect que Voltaire jusque-là n’avait jamais inspirés.

Après les Calas, les Sirven : c’était la même histoire. Une fille huguenote se jette dans un puits ; le père est condamné par le procureur fiscal de Mazamet (1764). Heureusement il a pu fuir, ainsi que sa femme et ses deux filles survivantes. Voltaire, avec sa netteté pratique, ne veut pas marcher pour Sirven, tant que l’affaire Calas n’est pas terminée. Il s’en occupe alors avec chaleur, et finit par faire réhabiliter Sirven et sa femme en 1771 par la Tournelle de Toulouse, par quelques-uns des juges de Calas.

Ce sont encore des protestants qu’il veut tirer des galères ou dont il s’occupe de faire valider les mariages. C’est l’affaire La Barrre : un crucifix mutilé à Abbeville (9 août 1765), quelques jeunes gens soupçonnés, le chevalier d’Étallonde en fuite, le chevalier de La Barre arrêté, et convaincu seule-