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VOLTAIRE.

se résume en un mot : liberté, c’est-à-dire affranchissement des entraves, suppression des règlements tyranniques ou ruineux, des jurandes et maîtrises, de l’obligation de ne vendre qu’au marché, des tracasseries de la régie des vins, etc. Ce libéralisme admet pourtant la protection contre la concurrence étrangère, mais de façon que le blé, c’est-à-dire le pain, reste à bas cours.

L’établissement de l’unité des poids et mesures est désirable.

Voltaire voit surtout l’agriculture et le commerce, la grande propriété et le gros négociant. Il n’aperçoit guère l’industrie, quoiqu’il ait créé des fabriques et qu’il se rende compte de la misère du tisserand lyonnais. Il se borne à demander pour l’ouvrier le droit de porter son travail au plus offrant, et un salaire qui lui permette de vivre et d’élever ses enfants. Il ne propose, pour lui faire gagner plus, que l’augmentation du nombre des journées de travail : et pourtant il croit que le travail de manufacture fait dégénérer la race. Toute son économie se ramasse au fond dans sa théorie du luxe. Dépenser ses revenus est un devoir social. Le riche, par ses plaisirs comme par ses besoins, fait vivre le pauvre ; sa dépense excite le commerce, l’industrie, l’agriculture. Toutes ses jouissances s’écoulent en salaires dans le peuple, et y font circuler le bien-être.

Les nations prospères et bien administrées peuvent payer de lourds impôts : mais les impôts ne sont pas faits pour être gaspillés par la cour et nourrir des parasites. L’impôt est d’abord une assurance ; il sert à établir l’ordre et la sécurité. Il doit être aussi