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VOLTAIRE.

III. — LA RÉFORME VOLTAIRIENNE DE LA FRANCE[1]

S’il n’y a de vertu que dans l’acte social, la morale ne peut se concevoir sans la politique, et l’homme de bien sera celui qui sera bon pour tous en travaillant à améliorer la société. C’est à quoi Voltaire employa fiévreusement les années de sa vieillesse.

Ambitieux de résultats, défiant des systèmes, il ne s’appliqua point comme Montesquieu ou Rousseau à construire une théorie politique ou à dresser le plan de la société idéale. Il ne raffina point les principes abstraits. Il fut opportuniste au suprême degré, acceptant la France telle qu’elle était, les cadres sociaux, les condition faites à l’activité réformatrice, s’efforçant de discerner le possible immédiatement possible, pour y limiter son effort. Il passa en revue toutes les parties du gouvernement et de l’administration, pour les critiquer à la lumière de deux ou trois grands sentiments moraux qui étaient tous ses principes ; il dressa une liste des abus et des réformes, en cherchant toujours à heurter la réalité le moins possible, afin de la modifier plus sûrement.

Il prend la société comme un fait, et les gouvernements comme des pouvoirs de fait, qui, en durant, parviennent à déguiser la force en droit. Il n’y a de

  1. Dictionn, phil. — Mélanges, éd. Moland, t. XXII-XXXII. — Ed. Hertz, Voltaire und die französische Strafrechtspflege, 1887. — Masmonteil, la Législation criminelle dans l’œuvre de Voltaire. — E. Faguet, Politique comparée de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau. — L. Robert, Voltaire et l’intolérance religieuse. — Les pages qui suivent sont le résumé d’une étude plus ample où toutes les références seront données.