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VOLTAIRE.

c’était l’histoire. Parmi toutes sortes de préjugés, d’a priori logiques et passionnés, on voit s’ébaucher chez lui une tendance corrélative à la tendance expérimentale, une habitude de poser les questions dans le temps, et de remonter plutôt aux origines qu’aux principes. Il résout ou fait évanouir plus d’un problème en le formulant historiquement. Notions métaphysiques, dogmes religieux, institutions sociales, il vérifie d’abord, bien ou mal, les titres historiques de tout ce qui se recommande à notre respect ou s’impose à notre obéissance. L’histoire est son auxiliaire efficace dans la guerre à tous les absolus.

II. — PHILOSOPHIE, MORALE ET RELIGION
VOLTAIRIENNES[1]

Dans la période de Ferney, Voltaire continue de préférer la physique à la métaphysique. Mais la divine Émilie n’étant plus là, cette préférence reste théorique. Elle se réduit à causer de temps à autre légèrement des grands problèmes de la science du temps, des fossiles, de la formation de la terre, de la génération, et à couper la tête à quelques colimaçons. Il aime à publier la souveraineté de l’expérience, et à taquiner les systèmes, mais il intervient volontiers pour conserver à l’« éternel géomètre » ses attributions.

  1. Dubois-Reymond, Saigey, ouvr. cités. — Dictionnaire philosophique. — Les singularités de la nature. — Le philosophe ignorant. — Dialogues d’Evhemère. — Profession de foi des théistes. — Les adorateurs. — Histoire de Jenny.