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LA PHILOSOPHIE DE FERNEY.

subordonnent aux évêques, et parmi les évêques s’élèvent les patriarches. Parmi les patriarches, ceux des deux capitales de l’empire, Constantinople et Rome, prennent l’ascendant, et les circonstances de l’histoire profane grandissent peu à peu le siège de Rome.

Il ne faut pas croire aux accusations des païens sur les mœurs des chrétiens, ni aux accusations des orthodoxes contre les hérétiques. Il faut beaucoup rabattre des légendes sur les persécutions et sur le nombre des martyrs. Là surtout a fleuri le faux.

À travers les disputes religieuses se constitue le dogme. L’hellénisme a un rôle prépondérant, et la métaphysique platonicienne fournit les matériaux de la théologie chrétienne.

On rejoint ainsi l’Essai sur les Mœurs. Quoi que vaille dans le détail cette représentation, un homme d’aujourd’hui s’y trouve plus à l’aise que dans celle de Bossuet ou de dom Calmet, et, n’était le ton, les assertions qui révoltèrent le plus au xviiie siècle les défenseurs de l’Église, ne seraient pas repoussées par certains catholiques savants de notre temps.

Au total, Voltaire a été, dans l’état des connaissances historiques de son temps, un très remarquable vulgarisateur, non seulement des faits, mais des problèmes et de la critique. Il fut un homme de bon sens hardi qui tâcha de se faire une idée de la manière dont l’histoire pouvait se faire.

L’esprit historique entre pour une part importante dans la composition de son esprit. Le point de vue historique domine dans toute sa philosophie. Il a bien compris que la contradiction de la théologie,