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VOLTAIRE.

Les Juifs subissent l’influence des grandes sociétés qui les entourent : ils n’inventent rien. Tout leur vient de l’Égypte, de l’Assyrie, des Phéniciens, des Perses : même des Grecs, prétend Voltaire en retournant des interprétations aventureuses de Huet.

Très tard leurs légendes, leurs traditions furent écrites, puis rassemblées par Esdras. Ce qu’on appelle la Bible est un bizarre mélange où l’on trouve des contes moraux, des romans, des chroniques, des poèmes d’amour, des rituels, sans parler des apocryphes et des faux.

Conquis par tous les peuples, et souvent dispersés, ils se laissent après Alexandre pénétrer par l’hellénisme : c’est le commencement de la théologie.

Enfin, sous la domination romaine, paraît Jésus, un inspiré autour duquel se pressent les petites gens : une sorte de George Fox. Sa vie est toute légendaire. Les apôtres s’en vont parler de lui dans les synagogues. Saint Paul, le « Juif chauve au grand nez », parcourt le monde romain ; mais jamais saint Pierre ne vint à Rome. Les Évangiles sont ce qu’on racontait dans les petits groupes des sectateurs de Jésus. Chaque groupe eut son Évangile : on en connaît 54. Les canoniques sont tardivement rédigés ; le quatrième est le plus récent[1].

Au début, il n’y a ni dogme ni hiérarchie. Ils se dégagent peu à peu, à grand renfort d’interprétations forcées, et de documents faux ou falsifiés. Au bout de plusieurs siècles, un canon des Évangiles est fixé. Des fidèles se distinguent les prêtres, qui ensuite se

  1. Une fois, Voltaire a dit saint Luc au lieu de saint Jean.