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VOLTAIRE.

huttes ; ils ont travaillé les métaux. Par ignorance de la physique, par peur, ils se sont fait des religions grossières : mille associations d’idées bizarres ont créé les rites et les cultes.

À la longue, de grandes sociétés se sont formées, gouvernées par des théocraties ou des dynasties issues des dieux. La Chine, l’Inde, la Perse, la Chaldée ont donné les premiers types de civilisation : quel est le plus ancien ? il est difficile de le dire.

Là s’est fondée la science, astronomie et mathématiques. Là la vraie religion, le théisme, l’adoration d’un dieu unique, a été le fruit de la raison cultivée chez les prêtres philosophes, brames, mages, et chez les sages de la Chine.

Plus récents sont les Phéniciens, ces Vénitiens de l’antiquité. Plus récents les Egyptiens, qu’il serait dangereux de vieillir, à cause du voisinage des Juifs.

Enfin viennent les Grecs, civilisés par les Phéniciens et les Égyptiens, et qui eurent d’admirables législateurs ; et ces Romains, les plus nouveaux des anciens peuples, nation petite et rude qui tire ses rites et ses lois des Toscans et des Grecs. Son histoire est obscure et douteuse pendant les quatre premiers siècles : Voltaire a lu, non pas Beaufort, mais du moins Levesque de Pouilly. Rome s’agrandit par le brigandage. Elle conquiert le monde par sa discipline et son patriotisme. Mais que sont les Romains, pillards de l’univers, auprès des Grecs, philosophes, artistes et civilisateurs ?

Ce cadre. Voltaire le bâtit avec tous les préjugés de la philosophie et toutes les erreurs de la science