Il compilait, compilait, compilait, quoi que ce ne soit plus la mode de compiler ; et Fanchon lui donnait de temps en temps de petits soufflets sur ses grosses joues, et frère Triboulet écrivait, et Fanchon chantait : lorsqu’ils entendirent dans la rue la voix du Docteur Tamponet et de frère Bonhomme, Cordelier à la grande manche, qui argumentaient vivement l’un contre l’autre et qui ameutaient les passants. Fanchon mit la tête à la fenêtre : elle est fort connue de ces deux Docteurs, et ils entrèrent aussi… pour… boire[1].
Le mouvement alerte, le sautillement leste de la phrase sont une joie pour l’oreille. Même parfois on perçoit nettement un dessin musical : rien qui ressemble aux rythmes poétiques ou oratoires, mais un dessin fantaisiste, fait de rappels de sons et de parallélismes de tours. On connaît le petit conte de Jeannot et Colin : tout le début est construit sur les deux noms sans cesse ramenés de Jeannot et de Colin ; il n’en reste rien, si on leur substitue des pronoms. Voici un morceau moins fameux.
- ↑ Pièces relatives à Bélisaire, Amsterdam, 1767, p. 9 (Moland, XXVI, 169).