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VOLTAIRE.

plaidoyers, des édits, des mandements, des brefs, des extraits de journaux, des conversations, des relations, des biographies, des anecdotes : parfois tout se mêle étrangement, comme dans les Questions sur les miracles ou le Pot Pourri ; parfois toute la fantaisie se ramasse dans un titre piquant.

Car le titre, en cette affaire, est capital : il faut qu’il réveille, qu’il attire.

Plaidoyer pour Genest Ramponeau, cabaretier à la Courtille, prononcé contre Gaudon, entrepreneur d’un théâtre des Bouleverts.

La Canonisation de Saint Cucufin, frère d’Ascoli, et son apparition au sieur Aveline, bourgeois de Troyes, mise en lumière par le sieur Aveline lui-même. À Troyes, chez M. et Mme Oudot.

Il n’y a rien chez Voltaire de plus exquis que beaucoup de ces bagatelles. C’est un mélange unique de folie et de raison, de fantaisie effrénée et de vérité fine. Le masque est pris et rejeté avec aisance. L’art, cette fois est libre, sans entrave de règles. Seul persiste le goût qui retient la goguenardise, la canaillerie, la polissonnerie dans le ton de la bonne compagnie, de la bonne compagnie de 1760. C’est leste, effronté souvent, jamais débraillé, toujours élégant.

L’art, dans ces dialogues et facéties, est de filtrer, simplifier les questions de les réduire à quelques faits lumineux, à quelques formules décisives. Toutes les difficultés, toutes les objections sont volatilisées, ridiculisées. Voltaire excelle à trouver la petite phrase qui réfute en énonçant, à la faire échapper ingénument de la bouche du personnage dont elle détruit ou démasque la prétention.