Page:Lanson - Voltaire, éd5.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
VOLTAIRE AUX DÉLICES ET À FERNEY.

un état authentique accuse 177 000 livres de rentes, outre 235 000 livres de rentrées attendues.

La dépense à Ferney est énorme. Le château que Voltaire a bâti est petit, mais élégant. Le train est considérable ; outre le personnel ordinaire, les jours de représentation, il faut donner à souper à soixante ou quatre-vingts invités. En 1768, après une réforme énergique de son état de maison, Voltaire établira le budget de Ferney à 40 000 livres par an, pour l’entretien de douze chevaux et de soixante personnes.

Les hôtes habituels de Ferney sont la grosse Mme Denis[1], qui passe son temps à se disputer et à se raccommoder avec son oncle[2], le fidèle secrétaire Wagnière, qui a succédé à Collini, et auquel en 1763 est adjoint le copiste Simon Bigex, le Père Adam, un jésuite que Voltaire a recueilli et qui fait sa partie d’échecs. C’est, de 1760 à 1763, l’arrière-petite-nièce de Corneille, la noiraude Marie, laide avec de beaux grands yeux noirs, qu’il élève et dote ; plus tard, Mlle de Varicourt, « belle et bonne », qu’il ne dote pas parce que le marquis de Villette, qui l’épouse, est très riche et ne veut pas d’argent.

Toujours quelque étranger est en résidence à Ferney pour des semaines ou des mois : c’est l’autre nièce, Mme de Fontaine, et le marquis de Florian avec qui elle se remarie, et le joli « Florianet ». C’est le cousin Daumart, mousquetaire du roi, ou le souple Ximenès, ou le petit La Harpe et sa femme, ou le pauvre Durey de Morsan après sa ruine. C’est le

  1. Lettres de Mme de Graffigny, etc., 263.
  2. XXXVIII, 186-187.