solide Rapin de Thoyras. Ce sont là de bons garants. Il est vrai que, pour Henri IV, il ne va guère au delà de Mézeray. Quelquefois, pourtant, il semble qu’il soit remonté aux documents dont ses auteurs lui donnaient les références, pour y cueillir quelque détail caractéristique ; il a été amateur aussi de pièces curieuses et peu connues.
Il paraît en somme avoir bien fait son métier de vulgarisateur. Daunou, les auteurs de l’Art de vérifier les dates, Robertson louent son exactitude. Elle a été pourtant fort attaquée. Nonnotte a fait deux volumes des Erreurs de Voltaire : erreurs historiques, erreurs dogmatiques. Voltaire lui a mal répondu : il eût mieux fait de laisser son Essai répondre pour lui. Car Nonnotte ne l’a pas entamé. Sans doute il a fait des rectifications de détail : les erreurs, les inadvertances étaient inévitables, dans un si vaste travail, surtout avec la méthode rapide et un peu étourdie de Voltaire. Mais très souvent c’est Nonnotte qui se trompe, qui chicane, qui altère les textes. Voltaire a-t-il tort de trouver « très suspecte » la légende de Florinde et du roi Rodrigue ? Nonnotte dénonce comme mensonges des faits bien établis, qui font tort aux rois ou à l’Église ; il tient pour vérités historiques tout ce que la haine religieuse a imputé aux protestants et aux hérétiques. Il appelle sans cesse erreurs historiques ce qui contredit son dogme et les passions qu’il annexe à son dogme. Il a de l’érudition, mais aucune critique. Voltaire est infiniment plus près que lui de la vraie histoire.
La philosophie de l’Essai sur les mœurs consiste