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VOLTAIRE HISTORIEN.

devant deux notaires. Il publia lui-même le troisième volume pour établir authentiquement quels étaient le ton et l’esprit de son ouvrage. En 1756, il donna un texte complet chez les Cramer à Genève, sous le titre d’Essai sur l’histoire générale et sur les mœurs et l’esprit des nations depuis Charlemagne jusqu’à nos jours : il y soudait à l’histoire générale son Louis XIV et des chapitres sur Louis XV. Le texte définitif sera celui de 1769, où paraîtra le titre simplifié : Essai sur les mœurs et l’esprit des nations : l’histoire générale, abstraction faite de Louis XIV et Louis XV, y passera de 144 à 197 chapitres. En même temps l’ouvrage recevra le portique qui lui convient : la Philosophie de l’histoire par feu M. l’abbé Bazin, imprimée en 1765, en deviendra le discours préliminaire ; de cette façon, une vue rapide des origines de la civilisation et des grands peuples de l’antiquité introduira le lecteur à Charlemagne et au moyen âge. On embrassera ainsi tout le développement humain.

On peut bien croire qu’un pareil travail qui présente au lecteur huit siècles et demi et tous les peuples, n’a pas été fait sur les sources. C’est une compilation. On voudrait savoir de quels instruments Voltaire s’est servi. À défaut d’un travail complet qui nous renseignerait sûrement, j’ai fait quelques sondages. Il a tiré ses deux chapitres sur Mahomet presque exclusivement de Gagnier et de Sale : deux bonnes autorités. Pour la Chine, du Halde. Pour l’histoire ecclésiastique et pour l’histoire des croisades, son guide est l’excellent Fleury ; pour l’histoire d’Angleterre et pour Jeanne d’Arc, le