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VOLTAIRE.

abrégé d’histoire générale pour Mme du Châtelet que la puérilité, la prolixité des auteurs, leur défaut d’esprit philosophique dégoûtaient de l’étude du passé[1].

Il ne manquait pas d’Annales mundi, d’Historiæ ab origine mundi ou ab oriu imperiorum, ni d’Histoires du monde ou Histoires universelles, en latin ou en français, étendues en in-folios ou resserrées en in-douze, sèchement érudites ou élégamment inexactes. Il n’y en avait pas une qui regardât au delà des faits politiques et militaires.

La seule dont la valeur littéraire fût supérieure était l’ouvrage de Bossuet. Mais l’histoire y était soumise au dogme catholique de telle façon qu’il perdait son autorité et son utilité pour les esprits indépendants. Voltaire ne voulut pas refaire Bossuet : l’histoire ancienne ne l’intéressait guère ; mais il se proposa de le continuer, moins médiocrement que n’avaient fait La Barre, l’anonyme, ou Massuet, et, en le continuant, de détruire et remplacer sa philosophie de l’histoire. Il partit de Charlemagne pour descendre jusqu’à Louis XIV.

Il se jeta dans le travail avec sa fougue coutumière. Le Mercure en 1745-1746, publia des fragments de la nouvelle « histoire de l’esprit humain », et en 1750-1751 l’« histoire des croisades ». En 1753 Jean Neaulme imprima à La Haye l’Abrégé de l’Histoire universelle depuis Charlemagne jusqu’à Charles-Quint : deux volumes contre lesquels protesta l’auteur dans ses lettres, dans les journaux, et par-

  1. XXIV, 41, 543.