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VOLTAIRE HISTORIEN.

au cardinal Fleury. Il lut tout ce qui s’était publié d’histoires et de mémoires, 200 volumes, nous dit-il. Il fit la chasse à l’inédit, et il eut les mémoires de Torcy, de Dangeau, de Villars, les papiers de Louvois, Colbert et Desmarets. Il eut même accès aux archives, et dans le dépôt du Louvre trouva de curieux documents sur l’affaire de la succession d’Espagne.

Après sa première édition, il resta à l’affût de tout ce qui paraissait ; il obtint du duc de Noailles les manuscrits de Louis XIV. Il se corrigea ou se compléta, et même, si fort que pussent le blesser les critiques, il en profita quand elles lui semblaient justes.

Il a fait ainsi une œuvre de premier ordre, aussi solide et exacte qu’il était possible de la faire alors, d’une méthode qui, si elle ne satisfait pas à toutes les exigences de la science d’aujourd’hui, marquait un progrès véritable sur celle de ses devanciers. C’est à peu près la méthode du Port-Royal et des Lundis de Sainte-Beuve : une curiosité inlassable et fureteuse, et la finesse littéraire appliquée au discernement des vérités historiques.

Rien de plus faux dans l’ensemble que les critiques du président Hénault. Voltaire, dit-il, ne voit que la superficie des choses. Voltaire n’a pas le ton sérieux de l’histoire. Voltaire diffame sa patrie, il en veut aux grands hommes de la France[1].

Voltaire a mis très intelligemment en lumière les grands problèmes de son sujet : la succession d’Espagne, la révocation de l’édit de Nantes, les

  1. Lion, le Président Hénault, p. 67 et suiv.