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l’époque romantique.



2. LAMARTINE.


Dans l’héritage de Chateaubriand, Alphonse de Lamartine[1] recueillit le don des tristesses infinies. Mais elles se dépouillèrent de toute amertume en passant par cette âme douce. Quand on regarde dans quelles impressions s’écoula l’enfance de Lamartine, on ne trouve rien autour de lui que d’aimable, de bon, de gracieux, père, mère, sœurs ; et pour cadre Milly, les coteaux du Maçonnais. La terre natale lui est clémente, apaisante : elle lui semble l’aimer, et il lui rend un fort amour. Il étudie chez l’abbé Dumont, au petit séminaire de Belley, au lycée impérial de Lyon, n’acquérant pas de lourde science, n’effeuillant pas aussi une de ses chères illusions. Il revient chez lui ; il fait de grandes courses à cheval, il rêve, il lit : les anciens, les Romains du moins, ne l’attirent guère ; il y a trop de raison et de raisonnement chez eux ; il y a trop de réalité dans nos classiques ; et La Fontaine lui renvoie une trop laide image de la vie et de l’homme. Il

  1. Biographie : Né en 1790 à Mâcon, élevé à Milly. Secrétaire d’ambassade à Florence (1821), il donna sa démission en 1830. Il s’était marié en 1822 ; il partit en 1832 avec sa femme et sa fille pour un Voyage en Orient (Grèce, Syrie, Palestine, Liban) qu’il a plus ou moins poétiquement raconté. Député en 1833, sans s’affilier à aucun groupe, il est hostile en général au gouvernement. En 1848, il fut quelque temps chef du gouvernement provisoire. L’Empire le chassa de la politique. Il n’avait jamais eu le sens bourgeois de l’ordre, de l’économie : il se trouva à soixante ans ruiné et endetté. Il écrivit pour vivre, avec une intarissable abondance. Le gouvernement impérial lui fit voter par les Chambres en 1867 la rente viagère d’un capital de 500 000 francs. Il mourut en 1869 et fut enterré à Saint-Point.

    Éditions : Méditations poétiques, 1820, in-18. Nouvelles Méditations, 1823. Harmonies poétiques et religieuses, 1830. Voyage en Orient, souvenirs, impressions, pensées, paysages, 1835, 4 vol. in-8. Jocelyn, 1836, 2 vol. in-8. La Chute d’un ange, 1838, 2 vol. in-8. Recueillements poétiques, 1839, in-8. Histoire des Girondins, 1847, 8 vol. in-8. Les Confidences, 1849, in-8. Raphaël, 1849, in-8. Nouvelles Confidences, 1851. in-8, Graziella, 1852, in-12. Œuvres : 1860-63, 40 vol. in-8 ; Hachette, 23 vol. in-8 ; et 37 vol. in-16 ; Lemerre, 12 vol. in-16, 1885-87. Poésies inédites, publ. p. Mlle  Valentine de Lamartine, 1873, in-8. Correspondance, publ. p. Mlle  Valentine de Lamartine, 6 vol. in-8, 1872-75. — À consulter : E. Faguet, xixe siècle. Brunetière, la Poésie de Lamartine, R. des D. M., 15 août 1886. Évolution de la poésie lyrique, 3e leçon. Rod, Lamartine (Class. populaires). De Pomairols, Lamartine, 1890, in-8. J. Lemaître, les Contemporains, 6e série, in-16, 1896. Ch. Alexandre. Souvenirs sur Lamartine, 1884, in-12. Le baron Chamborand de Périssat, Lamartine inconnu, notes, lettres, documents inédits, souvenirs de famille, Pion, 1891. F. Reyssié, la Jeunesse de Lamartine d’après des documents nouveaux et des lettres inédites, Hachette, 1891. A. France, l’Elvire de Lamartine, Champion, 1893 ; E. Deschanel, Lamartine, 2 vol. in-18, C. Lévy, 1893. Lettres à Lamartine, publ. p. Mme  V. de Lamartine, in-12, C. Lévy, 1892. É. Zyromsky, Lamartine, poète lyrique, 1898. Qentin-Bauchart, Lamartine homme politique, 2 vol., 1903 et suiv. L. Soché, Lamartine de 1816 à 1830, 19O6. R. Doumie, Lettres d’Elvire à Lamartine, 1906.