Page:Lanson - Histoire de la littérature française, 1920.djvu/624

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE II

LA BRUYÈRE ET FÉNELON


1. La Bruyère ; l’homme. — 2. Les Caractères : composition du livre. La peinture de l’homme et la peinture de la société. L’originalité de La Bruyère : réalisme pittoresque, expression artistique. Le « philosophe » : le chapitre de Quelques Usages. — 3. Fénelon : il tient au xviie siècle par la foi et par l’admiration des anciens. Divers écrits. Les Dialogues sur l’Éloquence et la Lettre à l’Académie : la critique d’impression. Le Télémaque. La Correspondance. — 4. Esprit et humeur de Fénelon : amour-propre, ambition, affection. Expansion de la sensibilité. Son œuvre littéraire, expression de son individualité. Séduction du personnage.

Revenons au groupe des grands écrivains, aux disciples et adorateurs des anciens : chez les derniers venus, nous trouvons une complexité, une incohérence parfois qui annoncent des temps nouveaux ; il y a quelque chose dans La Bruyère et dans Fénelon, qui n’est pas du xviie siècle, et où nous pouvons reconnaître aujourd’hui une transition vers le xviiie.

1. LA BRUYÈRE.

Un seul fait nous intéresse dans la vie silencieuse de La Bruyère[1] : en 1684, l’amitié de Bossuet le fit entrer à l’hôtel de Condé, pour

  1. Biographie : Jean de la Bruyère, né à Paris, en 1645, d’une famille bourgeoise, étudie le droit, acquiert un office de trésorier de France et général des finances en la généralité de Caen (1673), est recommandé par Bossuet au prince de Condé, qui le charge d’instruire son petit-flls. Il entre à l’Académie en 1693. Il meurt le 11 mai 1696.
    Éditions : Les Caractères de Théophraste, traduits du grec avec les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, Paris, Michallet, 1688 (réimprimé chez Jonaust, Paris, 1867) ; 4e édit. 1689 ; 8e édit. 1694. Œuvres complètes, éd. Servois, Coll. des Grands Écrivains, Hachette, 3 vol. in-8, 1865-68. — À consulter : Taine, Nouveaux Essais de critique et d’histoire. Prévost-Paradol, Moralistes français. Et. Allaire, La Bruyère dans la maison de Condé, Paris, 1886. Lange, La Bruyère critique des conditions et des institutions sociales, 1908.