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bossuet.

Jacques-Bénigne Bossuet est né à Dijon le 27 septembre 1627, d’une famille de magistrats provinciaux : il avait six ans quand son père fut nommé conseiller au Parlement de Metz. Il fit ses études au collège des jésuites de Dijon, et vint étudier la théologie au vieux collège de Navarre. Il soutint le 25 janvier 1648 sa première thèse, devant le grand Condé, gouverneur de sa province natale, et protecteur de sa famille : puis il entre en licence en 1650 ; prêtre et docteur en 1652, il se rend à Metz, ville toute pleine de protestants et de Juifs, où les controverses sont ardentes. Contre ces deux sortes d’adversaires, Bossuet essaie toutes les armes de la théologie traditionnelle. Il prêche activement. Il écrit sa Réfutation du Catéchisme de Paul Ferry, ministre de l’Église réformée. En 1659, il s’établit à Paris, et, pendant dix ans, se dévoue à peu près exclusivement à la prédication. Outre les sermons isolés qu’il prononce, il prêche le Carême en 1660 aux Minimes, en 1661 aux Carmélites, en 1665 à Saint-Thomas du Louvre, l’Avent en 1663 aux Carmélites, en 1668 à Saint-Thomas du Louvre. La cour aussi veut l’entendre : il prêche au Louvre le Carême de 1662, puis l’Avent de 1665 ; à Saint-Germain, le Carême de 1666, l’Avent de 1669. Sa solidité théologique, son talent de controversiste le font rechercher par les calvinistes inquiets ou ambitieux, qui désirent s’éclairer, ou masquer une conversion intéressée : il écrit pour Turenne son Exposition de la foi catholique, publiée en 1671 ; devant Mlle de Duras, il soutient une laborieuse controverse contre le ministre Claude (1678). Cependant, en 1667 il avait prononcé avec succès l’oraison funèbre d’Anne d’Autriche, non imprimée et perdue. En 1669, il avait consenti à publier celle de la reine d’Angleterre Henriette de France ; puis vinrent celles de Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans (1670), de Marie-Thérèse (1683), de la princesse Palatine Anne de Gonzague (1685), du chancelier Le Tellier (1686), du prince de Condé (1687).

Il fut arraché à la prédication par un emploi qui donna une direction nouvelle à sa vie : il ne reparaîtra désormais dans les chaires de Paris que pour de rares occasions. Après l’avoir nommé évêque de Condom (sept. 1669), le roi le choisit en septembre 1670 pour être précepteur du Dauphin, dont M. de Montausier était

    verse de Fénelon et Bossuet sur le quiétisme, Paris, 1850 ; l’abbé Lebarq, Histoire critique de la prédication de Bossuet, 1888, ; F. Brunetière, la Philosophie de Bossuet, (Revue des Deux Mondes, 1er août 1891 Études critiques, t. V) ; A. Rebelliau, Bossuet historien du protestantisme, Paris, 1891, Bossuet, in-16, 1900 ; G. Lanson, Bossuet, Lecène et Oudin, 1891, ; abbé de la Broise, Bossuet et la Bible, 1890 ; Crouslé, Fénelon et Bossuet, 2 vol. in-8, 1894-95 ; E. Bellon, Bossuet directeur de conscience, 1897 ; H. —M. Bourseaud, Histoire et description des manuscrits et des éditions originales de Bossuet, 1897 ; E. Jovy, Une oraison funèbre inconnue de Bossuet, Vitry-le-François, 1897 ; l’abbé Urbain, Bibliographie de Bossuet, 1900 ; Bossuet et Mlle de Mandelón (Rev. du Clergé français, 1906 ; Verlaque, Bibliographie raisonnée des œuvres de Bossuet, 1908.