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CHAPITRE II

LES TEMPÉRAMENTS


1. Du Bellay : un fin poète. — 2. Ronsard : sa gloire. Génie lyrique. Les Odes. Le tempérament étouffé par l’érudition. Ce qu’il y a de sincère et d’original dans Ronsard. Ronsard créateur de mètres et de rythmes. — 3. Décadence de la Pléiade : anacréontisme, italianisme. Desportes. — 4. Causes de l’oubli où tomba Ronsard.
1. JOACHIM DU BELLAY.

Du Bellay[1] précéda Ronsard : en même temps que sa Défense [2] il publia son Olive et son Recueil. Il offrait au public le sonnet et l’ode : il donnera aussi le premier modèle de la satire régulière, à la romaine.

C’est un doux et fin poète, fluide et facile, d’une grâce sérieuse et souvent mélancolique : aussi dissemblable que possible de Marot, et d’une inspiration toute lyrique et personnelle. Quand il songeait à Mellin de Saint-Gelais, il disait bien du mal du pétrarquisme : quand il mit son amour en sonnets, il pétrarquisa. Il

  1. Biographie. Joachim du Bellay, cousin du cardinal et du sire de Langey ; le grand événement de sa vie est ce séjour de trois ans qu’il fit à Rome, comme intendant du cardinal. Il mourut à trente-cinq ans, en 1560. Son petit Liré est à 48 kil. d’Angers, à un demi-kil. d’Ancenis, ville bretonne, que son patriotisme angevin n’a jamais consenti à nommer une fois.
    Éditions : La Défense, l’Olive, le Recueil, 1549. (Le privilège de l’Olive et de la Défense est daté du 20 mars 1548.) Œuvres, Paris, 1569 et 1573 ; Rouen, 1592 ; éd. Marty-Laveaux, 2 vol. in-8, Lemerre, 1866-67 ; la Défense, éd. Chamard, in-8, 1904 ; Œuvres poétiques, éd. Chamard (Soc. des textes français modernes, t. I, 1908). — À consulter : Sainte-Beuve, ouvr. cité. Turquéty, Bulletin du bibliophile, 1864. Léon Séché, J. du Bellay, in-12, Paris, 1880. De Nolhac, Lettres de J. du Bellay, Paris, 1853. Faguet, XVIe siècle. Brunetière, Évolution de la critique, leçon I. H. Chamard, J. du Bellay, 1900 ; Vianey, les Sources italiennes de l’Olive, 1900 ; Villey, les Sources italiennes de la Défense, 1908.
  2. L’école de Marot, comme on sait, fit une réplique à la Défense : cette critique, le Quintil Horatian, a été attribuée à Ch. Fontaine, qui donne le livre comme de Barthélemy Aneau. (cf. H. Chamard, Revue d’hist. litt. 15 janv. 1898).