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la poésie.

Moins artiste que Gautier, sans être plus penseur, il avait débuté par des mièvreries sentimentales, dont les formes travaillées ont je ne sais quel aspect de bijouterie fausse. Puis il a visité les faubourgs, les usines, les gares, la banlieue parisienne ; il a frôlé la vie populaire ; il s’est constitué le poète des formes humbles de la nature et de l’humanité. La tentative était intéressante : par malheur, on ne trouve dans les vers de M. Coppée ni la sincère énergie ni la large pitié que de tels sujets exigent. Le souffle est court ; l’artifice littéraire est trop sensible. L’œuvre reste laborieusement prosaïque, et l’intensité de l’impression réaliste n’y compense pas la sécheresse poétique.

La poésie réaliste, si elle est possible, n’a pas rencontré d’homme : il faut en chercher les esquisses éparses un peu partout dans les vers de ces vingt dernières années, surtout dans quelques pièces de Maupassant[1] ou de Verlaine[2] : disons aussi, pour être juste, çà et là, par hasard, dans la Chanson des Gueux[3].

    (1869), où se révéla Mme Sarah Bernhardt. — Éditions : Lemerre, in-18 et pet. in-12 ; éd. in-4 ; ed. illustrée in-8.

  1. « Au bord de l’eau » (le début), dans Des vers.
  2. « Le Pitre » ou « l’Auberge », dans Jadis et Naguère.
  3. M. J. Richepin a donné la Chanson des Gueux (1876) ; les Blasphèmes (1884) ; la Mer (1886) ; Mes Paradis (1894) ; des romans et des drames. — Édition : M. Dreyfous, in-18.