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CHAPITRE II

LE THÉÂTRE AVANT CORNEILLE

Lorsque le Cid parut dans les derniers jours de l’année 1636, il n’y avait pas quarante ans qu’une troupe de comédiens était établie d’une façon à peu près permanente à Paris ; elle jouait dans la salle que lui avaient louée les Confrères de la Passion, à l’Hôtel de Bourgogne, rue Mauconseil, près des Halles. Depuis quelques années, une seconde troupe réussissait à vivre : Mélite avait appris au public le chemin du jeu de paume Berthaut, au quartier Saint-Martin, d’où Mondory s’était transporté, en 1634, au jeu de paume de la rue Vieille-du-Temple, dans l’aristocratique quartier du Marais.

Une salle rectangulaire, deux rangs de loges, un parterre dallé, gras de fange, où les spectateurs se tiennent debout, une scène éclairée de quelques chandelles, qu’un valet mouche dans les entr’actes, des comédiens misérablement ou ridiculement accoutrés, à moins que la munificence d’un gentilhomme ou